J'ai découvert ce livre un peu par hasard en me promenant dans une librairie et cette superbe couverture ainsi que ce très joli titre, m'ont incité à acheter ce livre, qui a reçu le prix Goncourt des lycéens... Finalement, je ressors de cette longue lecture (il m'aura fallu 3 longues semaines pour le terminer à cause d'un manque d'envie de lire flagrant) enchantée...
En 1959, Michel Marini, 12 ans, est un jeune lycéen qui aime trainer dans les cafés après les cours pour y réaliser d'inombrables parties de baby foot. Le jeune homme a d'autres passions: c'est un lecteur passioné qui lit en marchant, il aime le rock'n'roll et pratique également la photographie.
Un jour, dans son bar fétiche, Le Balto, il découvre l'existence d'une porte par laquelle des hommes entrent et sortent à longueur de journée. Intrigué, il décide de l'ouvrir et découvre un Club d'échecs pas comme les autres. En effet, les joueurs sont tous des réfugiés de l'Europe de l'Est qui tentent de garder espoir et qui luttent contre la solitude. Tous ont traversé le Rideau de Fer pour sauver leur peau, abandonnant leur vie passée. Michel rencontre alors Igor, Sacha, Léonid, Imré, mais aussi Sartre, Kessel et les autres... Des rencontres qui vont bouleverser sa vie...
Impossible de ne pas tomber sous le charme de cette lecture! Il ne m'aura fallu que quelques pages pour me sentir bien dans ce roman, pour savoir qu'il serait un véritable coup de coeur.
Pourtant, les premières pages sont essentiellement de longues descriptions de parties de baby foot que le jeune Michel effectue avec son ami Nicolas. Mais celles-ci résonnent comme une évocation de souvenirs que l'on écoute, le sourire aux lèvres.
L'auteur, en prenant son temps, nous fait petit à petit découvrir le quotidien de Michel: ses parents qui se déchirent et s'éloignent, son frère Frank inscrit aux Jeunesses Communistes, Cécile avec qui Michel liera une amitié plutôt bancale, le frère de Cécile, Pierre, qu'il admire et avec qui il partage sa passion de la musique...
Petit à petit, on découvre l'histoire des membres du Club. Des histoires qui passionnent, qui touchent. Tous ont fui, ont abandonné leur amours, leurs enfants, leur pays, leurs métiers. Mais surtout, tous ont cherché à sauver leur peau, à se reconstruire en France. Et je dois dire que c'est d'une beauté remarquable. Malgré les souvenirs évoqués et la dureté de certains faits, l'auteur ne tombe jamais dans le pathos.
Je dois dire que ce livre m'a permis de comprendre le monde des années 60, un monde un peu inconnu pour moi, mais qui constitue cependant une partie de mon histoire personnelle... On se rend compte que les horreurs ne se sont pas arrêtées en 1945 avec la seconde guerre mondiale, mais bien après.
Le roman quant à lui, est savamment construit: il s'ouvre sur un enterrement auquel Michel assiste en 1980. On suppose que le défunt est Sartre ou Kessel, mais ceci n'a en fait que peu d'importance pour la suite du roman. Puis on retombe en 1959 et on découvre petit à petit l'histoire du garçon et des autres et ce, durant 5 ans. Au fil des pages, de nombreux flash back se glissent et nous font découvrir le passé de ces hommes qui ont fuit. L'écriture de l'auteur est simple, élégante et fluide.
En bref
Malgré les 730 pages de ce roman, je ne me suis pas ennuyée, au contraire, j'ai savouré chaque moment de ce livre. Il est riche, passionnant, les personnages sont tous très attachants... Une pure merveille!
"J'ai lu trois fois dix lignes à cinquante pages d'intervalle. Il y a dans la lecture quelque chose qui relève de l'irrationnel. Avant d'avoir lu, on devine tout de suite si on va aimer ou pas. On hume, on flaire le livre, on se demande si ça vaut la peine de passer du temps en sa compagnie. C'est l'alchimie invisible des signes tracés sur une feuille qui s'impriment dans notre cerveau. Un livre, c'est un être vivant. "
Le livre de poche, 730 pages, 2009