Vers la fin des années 70, Art Spiegelman entame l’écriture de l’histoire de son père, Vladeck sous la forme d’une BD. Ce dernier est Juif et a vécu, durant la Seconde Guerre Mondiale, la déportation, les camps, les humiliations, la déchéance. A travers un dialogue retraçant l’histoire de Vladeck de 1938 à 1945, le lecteur se retrouve également immergé dans la relation père-fils qu’entretiennent les deux protagonistes…
Pour la seconde fois, je partage avec grand plaisir une lecture commune avec Moka… Une lecture qui se révèle être un « classique » de l’univers de la BD, et qui pourtant, jusque-là ne me faisait pas tellement plus envie que ça… J’ai été très longtemps rebutée par ces dessins en noirs et blancs, où les humains sont représentés par des animaux… Et puis, grâce à Les ignorants de Davodeau et grâce aux conseils appuyés de mon cher et tendre, j’ai décidé de franchir le pas… Et quelle claque ! Quelle déception de ne pas l’avoir lu avant !
Récit intimiste et historique, Maus n’a cessé de me surprendre par la manière dont l’histoire est racontée. Le lecteur se retrouve à la fois confronté à la dureté de la guerre, aux ignominies faites aux Hommes, mais il est aussi confronté aux relations conflictuelles que sont celles de Vladeck et Art. En effet, les deux Hommes ne cessent de se chamailler pour un rien. Petit à petit, en progressant dans le récit, on comprend comment ils ont été poussés à cela quelle culpabilité les ronge.
On découvre également avec étonnement qu’aucun jugement n’est apporté de la part de Vladeck qui narre les faits comme ils sont, sans pour autant ne jamais rien cacher. La vérité est dite sans forme de détour. Le tout, forme un récit, qui semble d’une incroyable véracité mais aussi d’une incroyable violence. C’est d’ailleurs pourquoi cette BD a été commencée depuis plusieurs semaines… Il m’a été impossible de lire cet album d’une traite tant les propos, les faits m’ont choquée, outrée.
Lentement, j’ai également compris le choix d’utiliser des personnages animaux pour illustrer les propos de Vladeck. Avec cette proposition, les images deviennent moins choquantes, plus digestes… Et d’une certaine façon, j’ai trouvé les personnages plus attachants et plus touchants. Très vite, on s’émeut de la situation des deux Hommes, de leur histoire… Et on ne peut ressortir indemne de tout cela.
Alors bien sûr, si vous n’avez pas encore lu Maus, je ne peux que vous le conseiller pour sa véracité, pour cet incroyable choc et cette incroyable confrontation aux pires moments de l’histoire.
Chez Mango
Top BD de Yaneck : 19/20
Flammarion, 296 pages, 1998