Dans un petit village reculé, dans lequel les voitures et le facteur ne passent que très rarement, quelques familles vivent recluses sans le moindre contact avec le monde extérieur. Il y a bien un unique chemin qui mène à la « ville », mais les habitants n’y vont jamais. A l’intérieur de ce village, une série de meurtres est perpétrée. L’auteur de ces crimes est un petit garçon d’une dizaine d’année dont on ne connait pas le prénom. Après une brève présentation des villageois, faite par ce dernier, il va nous exposer son plan pour les tuer un à un. D’une simple idée dessinée sur un bout de papier, l’enfant va passer à l’action et va nous montrer comment il commet ces meurtres de sang-froid…
J’ai lu Un léger bruit dans le moteur la veille de mon bénévolat aux Quais du polar… Et je peux vous assurer que cette BD m’a mise dans l’ambiance (d’ailleurs, j’ai vu Monsieur Munoz qui fait de chouettes dédicaces !).
Une seule page a été tournée pour qu’une immense frayeur m’envahisse sans que je puisse pour autant lâcher cet album. Captivant et réellement terrifiant, cet album convient à un public averti, très averti et ce, malgré un dessin assez rond et enfantin. J’ai d’ailleurs réellement apprécié le trait de Jonathan Munoz (je crois même qu’il a été pour moi une vraie révélation). Le noir et blanc, ces tons bleutés, cette atmosphère sombre apportent un réel dynamisme au scénario. L’ambiance est angoissante, cauchemardesque, tout comme notre petit protagoniste. J’ai réellement apprécié cet album pour ce dessin, essentiellement.
L’histoire nous est racontée par ce petit gamin qui commet des meurtres à tour de bras, de manière complètement neutre, sans éprouver aucune émotion, aucune terreur… On entre très simplement dans la tête de l’enfant puisque c’est son vocabulaire à lui qui est utilisé, avec ses fautes de langage, d’orthographe… Malgré tout, le scénario est relativement bien fait puisque j’ai tendance à m’ennuyer lorsque le narrateur est un enfant, utilisant son propre langage… Or, là, je ne me suis pas lassée de ce vocabulaire. Je pense même qu’il est relativement nécessaire, puisqu’il apporte une certaine « légèreté » à l’histoire.
Cependant, cette histoire m’a dérangée et j’espère vite l’oublier (c’est tout à fait le genre de récit qui pourrait m’empêcher de dormir pendant trois mois). Au sein de ce village, qui d’apparence paraît si tranquille, toutes les dérives de l’homme sont mis en lumière : l’inceste, le viol, le racisme, la violence, la misère, le chômage, l’immoralité… Tout autant de thèmes qui nous montre que ce monde est sans issue, que forcément, une telle atmosphère ne peut conduire qu’à des enfants dégénérés. Et puis… Je me suis demandé « pourquoi ».Pourquoi ces gens vivent-ils reclus ? Pourquoi ne vont-ils jamais en ville ? Pourquoi ce gamin est-il devenu un tel monstre ? La réponse ne nous est que partiellement donnée… En tous cas, pour moi, elle est insuffisante. Finalement, je suis ressortie de cette lecture mal à l’aise, douteuse et dubitative avec l’impression que cette fin n’en est pas une, avec l’envie d’avoir une réponse claire, nette et précise. Je n’ai pas pu prendre cette lecture au second degré. J’ai subi cette violence sans pouvoir en rire, sans pouvoir me dire que tout ceci n’était qu’une vaste plaisanterie.
En bref
Malgré un dessin qui m’a laissé sans voix, je n’ai pas su apprécier cette histoire à sa juste valeur. La violence m’a sauté au visage, m’a fait froid dans le dos. Pour moi, ce sera une lecture à oublier…
Chez Mango
Top BD de Yaneck : 11/20
7/7
Editions Physalis, 120 pages, 2012