Parce que la lecture est une passion qui se partage, il me fallait un univers bien à moi. Des livres, des Bandes dessinées, de jolies découvertes et quelques déceptions. Bienvenus dans la bibliothèque de Marion.
Après une courte pause, je reviens avec la première BD du mercredi du mois de juin. Et cette BD, elle me faisait de l'œil depuis un temps fou... Pour la petite histoire: un vendredi soir, je jette un coup d'œil aux partenariats de livraddict et je tombe sur L'été 79 qui m'a tout de suite intriguée, intéressée... J'avais envie de lire cette histoire, bref, j'ai participé au partenariat. Et quelques jours plus tard, "hô joie" je découvre que j'ai été sélectionnée. Malheureusement, il y a eu un petit problème dans l'envoie du livre et je me suis retrouvée avec La reine du Yangzi (tome 2), que je n'ai toujours pas lu d'ailleurs. L'envie de lire L'été 79 était toujours aussi forte, mais ma carte bleue criait famine... Heureusement, elle était à la bibliothèque... J'ai adoré, et j'aurais été déçue de passer à côté!
Hugues vit à G., un petit village à la campagne. Il est l’aîné de trois garçons, et a tout juste douze ans. A G., sa vie a pris une drôle de tournure : son père boit plus qu’à l’accoutumée et il se met à battre sa mère. Il passe des journées entières au bistrot du coin et n’en rentre que la nuit. Tout le monde, au sein de G., est au courant de ce qu’il se passe, mais tous les habitants font comme s’ils ne voyaient rien. Même la police n’agit pas car le père d’Hugues fait ami ami avec eux… Pour ne pas entendre les disputes entre ses parents, Hugues préfère passer le plus de temps possible chez sa grand-mère qui habite à côté. Et le soir, lorsque les querelles se produisent, il se réfugie dans sa chambre, son walkman vissé sur les oreilles, le son au maximum pour ne rien entendre. Tous pense que sans ce père alcoolique la vie serait bien plus belle… C’est pourquoi, la mère d’Hugues lui demande au cours de cet été 79 de tuer son père. Cette requête lui fait poser un tas de questions auxquelles il n’arrive pas à répondre… Jusqu’au jour au son père ramène un fusil. Là, il est temps de fuir !
L’histoire n’est pas gaie, mais lorsque j'ai appris qu’il s’agissait d’une bibliographie… Ca m’a pris aux tripes, ça m’a encore plus émue, plus captivée. Je l’ai lue d’une traite, comme en apnée, avec une violente envie d’aider le jeune Hugues auquel je me suis énormément attachée. C’est un personnage introverti, réfléchi, courageux. Hugues est très émouvant car il nous montre avec son regard d’enfant-adolescent comment il a vécu cette période de sa vie. Je trouve cette BD très courageuse, certainement nécessaire à l’auteur, comme c’est souvent le cas pour les autobiographies. Voilà, vous l’aurez compris, j’en ressors bouleversée, admirative, et j’ai aussi envie de connaître la suite car suite il y aura. L’été 79 est un coup de cœur dont je me remets très doucement…
Contrairement à certains livres autobiographiques, je n’ai pas eu cette impression de voyeurisme… Peut-être parce que je ne l’ai su qu’après avoir refermé ce roman graphique… Mais aussi parce que malgré ce qui est raconté, l’auteur garde une certaine distance, une certaine pudeur. Aucun nom de village n’est cité, peu de personnages sont appelés par leurs nom/prénom, les dessins restent neutres…
J’avoue ne pas être très fan de ces dessins très naïfs, simples (j’entends par là sans détails), entièrement en noir et blanc. Cependant, ce choix de couleur se prête très bien à la thématique abordée, je trouve. Moi, j’aime quand il y a de la couleur, même très sombre, tant que celle-ci exprime ou représente quelque chose. Là il n’en est rien. Mais en lisant L’été 79 on apprend que ce choix-là, il l’a pris lors de ces douze ans. On apprend qu’il souhaitait déjà faire dessinateur de bandes dessinées, et que son genre sait naïf. Savoir ce qu’on va faire de sa vie à 12 ans de manière aussi précise, et s’y tenir, je dis chapeau ! Malgré tout, dans ces dessins, j’ai aimé la poésie qui s’en dégage, ainsi que ces multiples images, métaphores.
Malgré cette histoire sombre, je n'ai pas trouvé beaucoup de pathos là-dedans. En effet, l'auteur y introduit des lueurs d’espoir de temps à autres. Hugues a des envies d’ailleurs, des envies de grande personne, des envies de fuir…
En espérant lire très vite L’automne 79…
En bref
L’été 79 est une BD courageuse, qui prend aux tripes, qu’on lit en apnée, complètement happé par cette histoire tragique. Même si les dessins ne m’ont pas transcendée, j’ai su trouver en eux de très belles métaphores. A découvrir…
chez Mango
Editions Nil, 136 pages, 2011