Parce que la lecture est une passion qui se partage, il me fallait un univers bien à moi. Des livres, des Bandes dessinées, de jolies découvertes et quelques déceptions. Bienvenus dans la bibliothèque de Marion.
Comme j'ai beaucoup de mal à choisir mes BDs par moi-même, je me laisse séduire par des chroniques rencontrées ici et là, ou par des classements de l'année réalisés par des bloggeurs... Il faut dire aussi que la bibliothèque dans laquelle je suis inscrite compte un nombre de BD interminable... Le choix est rude, il faut passer des heures dans le tout petit rayon qui leur est consacré pour trouver quelque chose... Bref, je pars avec des listes de titres... Pourquoi j'ai tué Pierre est une BD que j'ai eu l'occasion de rencontrer sur le blog de Noukette. Il apparaissait dans son classement des plus grandes claques de l'année... Ni une ni deux, j'ai pris la BD.
Tout au long de cette bande dessinée, on voit quelques moments clés, quelques âges clés de la vie d'Olivier. Tous ne sont pas représentés. D'ailleurs certaines périodes sont illustrées de manière plutôt longues et d'autres de manière très concise (2 planches). On peut donc suivre l'évolution de l'homme que deviendra Olivier de ses 7 à 35 ans.
Olivier grandit entre des parents baba cool et des grands parents croyants et pratiquants. Pour faire plaisir à ses grands parents, il décide de les accompagner à la messe du dimanche. C'est là que le jeune garçon rencontre Pierre. "Pierre est un curé "de gauche". Il est cool. Il est drôle." Il semble être un curé à part. Il joue de la guitare, il est ouvert... Bref, tout le monde semble aimer le religieux, même les parents d'Olivier qui sont anti-cléricaux et gauchistes extrêmistes. Un jour Pierre propose au jeune homme d'aller pour la première fois en colonie. Olivier se laisse tenter. Il se fait une joie d'avoir de nouveaux amis, de partir sans ses parents, de partir à la découverte.
Seulement voilà, tout le monde au camp de vacances semble remarquer que Pierre aime beaucoup Olivier...
J'avoue qu'au début, j'avais, malgré le très bon avis de Noukette, quelques réticences... Le titre et la couverture ne me tentaient pas vraiment, tout comme les dessins... Et finalement j'ai presque failli passer à côté de cette BD... (C'est l'avantage et l'inconvénient des bibliothèques, je crois).
Et pourtant, je ressors de cette lecture enchantée. En fait, ce livre est une énorme claque. Jamais je ne me serais attendue à ça. Je me suis doutée que quelque chose se tramait, ne tournait pas rond, que Pierre ne pouvait pas être aussi gentil que ça... mais je n'imaginait pas que le mignon petit curé serait ce genre de personnage. Et quand je l'ai découvert, je suis tombée des nues...
Mais ne partez pas si vite pour autant... Tout est raconté avec beaucoup de pudeur mais en même temps avec beaucoup de naturel. On ne tombe pas dans le pathos, ni dans un vocabulaire vulgaire, ou gras. En fait, Olivier Ka nous raconte ses craintes vis-à-vis de cette horrible nuit. Et si Pierre ne l'aimait plus? Il nous livre également ses doutes. Doit-il en parler? Bref, j'ai été réellement touchée par cette histoire, par son histoire. Et finalement je trouve que ce geste de raconter, de se délivrer doit être une très bonne thérapie et peut-être même la meilleure...
Le sujet est dur, d'autant plus que je n'ai pas eu l'impression de lire une bande dessinée autobiographique. Et puis, vers la fin du récit, l'auteur nous dévoile son projet, se met en scène dans la bande dessinée, et nous montre comment ce petit bijou est né. Alfred et Olivier Ka prennent l'initiative d'intégrer des photographies au récit, et ça j'ai beaucoup aimé. Elles permettent ainsi de souligner la noirceur de ce récit, de se plonger encore plus dans l'histoire terrible qu'à vécue Olivier...
Les dessins, qui au début ne me plaisaient pas beaucoup, m'ont finalement un peu plus emballée une fois que je suis entrée dans le récit. Certains, tout particulièrement les paysages, les endroits rencontrés, sont très beaux, avec de magnifiques couleurs vives et très représentatives. D'autres sont un peu plus sombre et représentent à merveille la nuit du jeune homme, les troubles que cette expérience lui a causée...
En bref
Un immense coup de coeur pour cette BD... Une véritable claque, qui aborde un sujet délicat. Le tout reste cependant pudique, sans aucun pathos... J'ai adoré!
Delcourt, 111 pages, 2006
Chez Mango