Parce que la lecture est une passion qui se partage, il me fallait un univers bien à moi. Des livres, des Bandes dessinées, de jolies découvertes et quelques déceptions. Bienvenus dans la bibliothèque de Marion.
J’ai vu cette BD sur pas mal de blogs… Forcément, cela a attisé ma curiosité… Après l’avoir prise, et reposée, Tout seul est enfin lu… Et quelle lecture !
Tout seul, c’est le surnom que l’on donne à un homme qui vit reclus dans un phare depuis une cinquantaine d’années. La raison ? Tout seul a une malformation du visage, on dit qu’il est un monstre. Ses parents l’ont caché toutes ces années par honte, par peur du regard des autres. Chaque jour est une routine. Tout seul pêche, mange, nourri son poisson, cause avec lui, apprend de nouveaux mot, s’échappe dans un monde différent, récupère une caisse de poissons une fois par semaine. Cette caisse est amenée par deux marins. Le premier est âgé, aigri, bourru. Le plus jeune, quant à lui, sort de prison, ne parle pas vraiment. Ce dernier questionne l’autre au sujet de cet homme vivant seul dans son phare, jusqu’à en devenir une sorte d’obsession. Jusqu’au jour ou ce jeune marin tente de communiquer avec Tout seul…
J’ai été réellement perturbée par ce manque de paroles, de couleurs, par ces grandes planches de dessins pleines de détails, de finesse… Mais vraiment beaucoup, car plusieurs pages peuvent se laisser tourner dans le silence le plus complet! Pour moi, c’était impossible de comprendre une bande dessinée avec aussi peu de paroles… Et pourtant… Ce sont les raisons pour lesquelles je ne l’ai pas lue la première fois que je l’ai prise à la bibliothèque. Et puis, je me suis dit, après avoir lu tous ces avis super-positifs, que cette BD devait valoir le détour, et qu’il fallait bien que je m’accroche… Heureusement, car je serais passée à côté d’une petite merveille… Car Tout seul est, en effet, une réelle merveille… L’histoire est magnifique, poétique, hypnotisante, émouvante et je ressors encore une fois sous le charme de cette lecture. J’ai tourné les pages avidement, cherchant à comprendre et à cerner qui était cet homme, pourquoi Tout seul mène cette vie-là. Enfin avidement est un bien grand mot, car j’ai été charmée par ces dessins, qui finalement donnent tout leur sens à l’histoire de Tout seul… Les dessins sont magnifiques, également. Ils sont épurés, clairs, pleins de petits détails assez significatifs que l’on peut comprendre au fur et à mesure de la lecture. Là, je me suis rendue compte de mon erreur. Je n’avais pas besoin de mots pour comprendre cette BD, j’avais juste besoin de me laisser porter par ces dessins, de laisser cours à mon imagination pour passer un beau moment de lecture. D’ailleurs, Chabouté nous livre au début de son récit une définition de l’imagination qui m’a, au premier abord, laissée perplexe, septique. Et quand on lit Tout seul, on comprend pourquoi. Car Tout seul a l’habitude de lire des définitions du dictionnaire et c’est là qu’il fait marcher sa propre imagination, c’est là qu’il nous livre sa propre interprétation du monde, monde qu’il n’a jamais vu.
Malgré un thème encore bien sombre, Tout seul est une BD pleine d’optimisme, pleine d’humanité aussi. Elle m’a fait rire jaune, elle m’a fait sourire, elle m’a réchauffée le cœur, elle m’a émue… Tout seul est un mélange d’émotions éparses qui donne une sacrée claque…
En bref
Malgré des réticences concernant le dessin, Tout seul est une sorte de coup de cœur qui vient après coup. Encore une magnifique découverte !
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Chez Mango
Vents d'ouest, 368 pages, 2008