Momo vit chez Madame Rosa depuis son plus jeune âge. Madame Rosa, c’est cette ancienne prostituée qui accueille chez elle des enfants de prostituées en toute illégalité. Mais Madame Rosa se fait vieille et elle a de plus en plus de mal à assumer son rôle, à grimper ces six étages pour rentrer chez elle… Alors le jeune Momo l’aide le plus possible. Il l’aide à remonter les courses, il appelle les amis de sa mère adoptive afin qu’elle ne se sente pas seule, il appelle le médecin quand l’état de Madame Rosa se détériore… Seulement, voilà… Madame Rosa est guettée par Alzheimer et le médecin pense qu’il faudrait vraiment qu’elle aille dans un centre spécialisé. La vieille femme, elle, s’oppose à cela. Elle veut mourir ici, dans son appartement. Alors Momo va l’aider à se cacher dans cette cave, avec ses souvenirs afin qu’elle puisse mourir en paix…
C’est une forte histoire d’amour entre une vielle femme et un enfant qui se battent pour la vie, où plusieurs thèmes sont abordés succinctement malgré un ton, au premier abord, très léger. Racisme, vieillesse, construction de soi, drogue, prostitution, mixité sociale sont des thèmes récurrents de ce roman. Des thèmes qui semblent aujourd’hui toujours d’actualité et pourtant ce roman a été écrit dans les années 70. Une histoire aux thèmes magnifiques, intéressants et pourtant, le charme n’a pas opéré.
Les premières pages ont été laborieuses ; j’ai eu du mal à entrer dans ce roman, à m’accoutumer à l’écriture de l’auteur. Car le texte est la voix de Momo, dix ans, avec ses maladresses de langage, ses phrases naïves, ses tournures alambiquées, ses mots inventés ou détournés. Avec ce choix, il a été difficile pour moi d’apprécier à juste mesure cette lecture, d’éprouver une quelconque émotion, de m’attacher aux personnages. Petit à petit, en m’accrochant, j’ai réussi à m’habituer, j’ai ri de ces maladresses mais cette réticence ne m’a jamais vraiment quittée.
Finalement, c’est principalement la fin qui m’a réellement marquée et touchée. Momo prend son rôle de fils adoptif à cœur et se coupe en quatre pour réaliser les souhaits de sa mère adoptive. Une fin magnifique qui fait réfléchir, qui fait grandir notre jeune narrateur…
Un livre à l'avis mitigé, mais qui vaut quand même le détour pour les thèmes abordés.
« Elle ne voulait pas entendre parler de l'hôpital ou ils vous font mourir jusqu'au bout au lieu de vous faire une piqure. Elle disait qu'en France on était contre la mort douce et qu'on vous forçait à vivre tant que vous étiez encore capable d'en baver. »
Editions Folio, 274 pages, 1982