Bienvenus aux Bombinettes, un petit village reculé dans lequel vivent 234 âmes. Au cœur de ce charmant village, la vie s’écoule paisiblement. D’ailleurs, en ce dimanche de mai ensoleillé, les habitants se préparent à accueillir les vendeurs de la foire annuelle. Monsieur le Maire, Raymond Orloff, est très occupé par tous les problèmes et les requêtes que lui soumettent ses citoyens : le « Bistrot du coin » s’est fait cambrioler son « I », Hortense, quant à elle souhaite monter un club de peinture, …
Mais ce qui préoccupe le plus le Maire, c’est l’arrivée d’Amandine - une très belle et jeune fille - et de son Sexshop ambulant. C’est que le camion d’Amandine risquerait de troubler les nombreuses et majoritaires personnes âgées vivant au Bombinettes… Il tente alors de convaincre la jeune vendeuse de ne pas étaler des objets qui seraient jugés trop évocateurs… La jeune femme, soucieuse de garder sa place à la foire, lui offre alors un inoffensif canard en plastique, ce qui soulage ainsi Raymond. Mais les habitants ne voient pas l’arrivée d’Amandine d’un bon œil…
Il y a une éternité que je n’ai pas lue de BD (je cours après le temps tout le temps) et vraiment, ça m’avait manqué… D’autant plus que je redémarre (espérons-le pour de bon) avec une série fort sympathique… Pour être franche, je ne dirais pas qu’il s’agit de la BD de l’année, néanmoins, j’ai passé un très, très agréable moment en compagnie de celle-ci.
J’ai trouvé l’histoire agréable, intéressante, très fraîche et plutôt originale. Finalement, je pense qu’il s’agit d’une BD plutôt novatrice puisqu’elle soulève, de manière humoristique, plusieurs thématiques entremêlées. J’ai passé un bon moment avec ce premier tome car j’ai trouvé le ton de l’auteur assez amusant. L’histoire et les dialogues m’ont également fait sourire. Mais au-delà de cela, cette BD dévoile également de manière plus ou moins humoristique et plus ou moins détournée les « problèmes » des milieux ruraux. Turf souligne avec humour les attitudes parfois « arriérées » des campagnes, que j’ai moi-même du mal à accepter parfois. L’une des petites anecdotes qui m’a beaucoup fait rire c’est que, dans les campagnes, on ne fait pas appel à la gendarmerie ou aux pompiers, mais à Monsieur le Maire (et ceci s’avère être vrai !). On voit aussi que la nouveauté, notamment lorsqu’elle se révèle être assez « olé-olé », est mal perçue. Et puis surtout, Turf pointe gentiment du doigt les « conflits » de génération entre cette jeune Amandine et les personnes âgées qui regardent d’un mauvais œil l’arrivée d’un sexshop au sein de leur foire, se déroulant dans leur village. Bref, j’ai trouvé que c’était une manière assez intéressante de traiter ce sujet…
J’ai apprécié les deux personnages principaux : celui d’Amandine pour sa fraîcheur, son innocence, sa naïveté… J’ai trouvé qu’il s’agissait d’une jeune femme assez moderne, plutôt bien dans ses baskets, même si, avouons-le, elle s’avère être parfois assez farfelue. Monsieur le Maire est également un personnage très amusant et très intéressant. Cependant, je trouve, que, d’une manière générale, les personnages restent largement stéréotypés. On trouve ainsi le Maire très imbu de sa propre personne, la petite vieille et le petit vieux qui se préoccupent des bonnes mœurs, un gérant de bistrot toujours prêt à donner de bons conseils… Bref, tout ceci se rapproche un peu du cliché, mais sans trop d’excès.
Quant aux dessins, je dois avouer que je ne suis pas vraiment fan, notamment de tous les dessins représentant les personnages… Je les ai trouvés un peu trop vu, un peu trop carrés… Cependant, j’ai beaucoup aimé (j’ai même été impressionnée !) les dessins représentant des plans plus larges comme la première planche représentant la commune de Bombinette, ou tous les dessins montrant l’intérieur de la maison d’Amandine. Ces dessins-là regorgent d’une multitude de détails permettant au lecteur de bien s’imprégner de cette ambiance rurale, de bien se situer dans l’action. Ce sont également des dessins très réalistes, très fouillés, parfois même très perfectionnistes… Mais j’adore ! Les couleurs utilisées sont très acidulées, vives, joyeuses, énergiques, voire même parfois « girly », mais c’est également l’un des choses que j’ai apprécié dans cette BD. L’auteur n’a pas peur d’accentuer les couleurs, de donner du pep’s à toutes ces images et finalement, je trouve que ces couleurs font contraste avec le thème abordé… Le côté « vieillot » du village aurait pu être représenté avec des couleurs termes, pourtant c’est une énergie immense qui ressort de ce premier opus, tout comme la vivacité d’Amandine.
En bref
Magasin sexuel propose, derrière son titre évocateur, une légère moquerie et une caricature des habitants provenant de la campagne, sans pour autant tomber dans stéréotype radical et sans appel. Les couleurs et les plans larges sont remarquables par leur vivacité. Cependant, je me demande ce que peut donner la suite…
Chez Mango
Delcourt, 64 pages, 2011