Voilà encore un livre qui est resté sur le haut de ma PAL pendant un bon moment. Et maintenant, je me demande pourquoi je ne l’ai pas sorti plus tôt… Mais je suis aussi contente de ne pas être passée à côté de ce superbe récit. Non vraiment, c’était super !
La lignée des Scorta est maudite… D’ailleurs, à Montepuccio, un petit village du sud de l’Italie, tout le monde les méprise. En effet, la lignée des Scorta est née du viol et du péché. Cette famille vit modestement, voire même pauvrement, mais ils se sont cependant jurés que de génération en génération, le peu d’argent qu’ils possèdent seraient transmis aux leurs. Les Scorta n’ont rien en dehors de leur modeste bureau de tabac familial qu’ils ont pu obtenir avec « l’argent de New-York », mais malgré tout, leur vie leur convient, car ils sont des Scorta, ce qui représente pour eux une fierté.
Quelle chouette lecture ! J’ai eu un véritable coup de cœur pour cette superbe chronique familiale dans laquelle l’honneur et la fierté d’être un Scorta prime avant toute chose.
Quelques pages lues dans un tram, et Monsieur Gaudé m’avait emmenée loin, au sud de l’Italie, pays que j’affectionne tout particulièrement parce qu’il est celui de mes origines. Sans aucune sorte de cliché, j’ai reconnu ces mots, cette manière de vivre qui me passionne tant, cette fierté, ces plats italiens qui ont éveillés mes papilles... L’auteur a un réel don d’écriture : il sait décrire les choses comme si on y était et pourtant, paradoxalement, il y a peu de descriptions de paysages, de plats, des personnages…
J’ai aimé suivre l’évolution des Scorta de 1870 à nos jours, j’ai aimé découvrir chaque génération, chaque personnage. On lit des moments de joie, des moments de bonheur tout simples comme partager un repas, mais aussi beaucoup, beaucoup de malheurs. Mais les Sorta ont la rage de vivre. Ils sont prêts à n’importe quoi pour survivre. Tout semble très réel, tant réel que je me suis même demandée si cette histoire en était vraiment une. Les personnages eux aussi semblent réels, proches. Et pourtant, les personnages sont réellement durs, distants…
L’écriture de l’auteur est à la fois fluide, simple et poétique. Les phrases sont courtes, elles vont droit au but.
J’avais envie que l’histoire continue encore et encore, car l’histoire des Scorta est passionnante et palpitante. Je pense réellement que ce ne sera pas le genre de livre que j’oublierais… En tous cas, c’est déjà un roman que je partage avec joie.
En bref
Un gros coup de cœur pour cette histoire de famille qui m’a passionnée, qui m’a fait voyager… Un livre à découvrir, vraiment !
« Il fait trop beau. Depuis un mois, le soleil tape. Il était impossible que tu partes. Lorsque le soleil règne dans le ciel, à faire claquer les pierres, il n’y a rien à faire. Nous l’aimons trop, cette terre. Elle n’offre rien, elle est plus pauvre que nous, mais lorsque le soleil la chauffe, aucun d’entre nous ne peut la quitter. Nous sommes nés du soleil, Elia. Sa chaleur, nous l’avons en nous. D’aussi loin que nos corps se souviennent, il était là, réchauffant nos peaux de nourrisson. Et nous ne cessons de le manger, de le croquer à pleine dents. Il est là, dans les fruits que nous mangeons. Les pêches. Les olives. Les oranges. C’est son parfum. Avec l’huile que nous buvons, il coule dans nos gorges. Il est en nous. Nous sommes les mangeurs du soleil. »
Editions Babel, 284 pages, 2006