Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d’un empire immense, s’apprête à marier sa fille, Samilia. Mais au jour de son mariage avec le prince de sel, un deuxième prétendant surgit. Il s’agit de Sango Kerim, un orphelin qui a grandi et qui a été élevé avec les enfants de Tsongor. Un lien très fort s’est tissé entre Samilia et le Sango. Si fort même, que Samilia lui a promis sa main d’ici quelques années. Sango Kerim vient donc chercher son dû au monarque qu’il n’a pas vu depuis des années.
Surpris et embêté par cette demande, Tsongor décide de se suicider afin d’éviter la guerre. Mais malgré tout, celle-ci éclate…
L’an passé, j’ai eu un coup de cœur ultime avec Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé. Ecriture envoutante, incomparable et riche, j’ai tout de suite aimé me plonger dans l’univers de l’auteur, plus ou moins proche de la réalité. Après cette expérience, on m’a conseillé de lire La mort du roi Tsongor, considéré comme le second chef d’œuvre de l’auteur ! Loin d’être déçue, je me suis replongée avec délice dans cette écriture et une histoire hors du commun. Un premier titre pour notre challenge Laurent Gaudé Organisé par Un chocolat dans mon roman.
D’une grande originalité et d’une grande sagesse, j’ai aimé cette histoire pour toute la moralité qu’elle peut nous apporter. L’auteur nous dénonce ici l’absurdité de la guerre, la violence et la soif de vengeance qui habite les hommes, sa jalousie et ses coups bas.
Sans pour autant être qualifié de roman classique, on retrouve des allures de tragédies classiques tels que l’Odyssée ou Antigone. Personnages confrontés à des choix dont ils ne sortiront pas indemnes ou bien descriptions de batailles, le lecteur est plongé avec aisance dans un univers bien loin du réel.
D’ailleurs, l’univers développé par l’auteur m’a également fascinée. J’ai apprécié cette immersion dans un territoire imaginaire, inconnu et pourtant très bien décrit. Les descriptions sont très présentes, plus ou moins longues, mais ne m’ont pourtant jamais semblées inutiles ou étouffantes. Le lecteur est face à des détails qui font voyager, rêver, le tout sous des couleurs d’une Afrique lointaine.
Les personnages sont eux-aussi également bien matérialisés, bien détaillés. On prend très vite conscience de leurs différences, et finalement, on finit par s’attacher à chacun de leur trait de caractère. Hommes et Femmes ont d’ailleurs leur rôle à jouer dans cette bataille héroïque ! L’un ne disparait pas au détriment de l’autre, bien au contraire. La force des deux sexes est réellement mise en avant, pas toujours dans des rôles traditionnels. Bien que les personnages soient assez nombreux, chacun apporte sa pierre à l’édifice pour en faire un roman frôlant la perfection.
En bref
Un nouveau coup de cœur pour ce roman de Laurent Gaudé, frisant lui aussi la perfection. En nous emmenant dans son univers, l’auteur nous fait prendre conscience de la bêtise de l’Homme, des choix qui s’imposent face à chacun.
« Je n'ai rien voulu, pensait-elle, je n'ai fait qu'accepter ce que l'on m'offrait. Mon père me parlait de Kouame et avant même de le voir je l'ai aimé. Aujourd'hui, mes frères se préparent à une bataille. Personne ne me demande rien. Je suis là. Immobile. Je contemple les collines. Je suis une Tsongor. Il est temps de vouloir. Moi aussi, je livrerai bataille. Ils sont deux à me réclamer comme un dû. Je ne suis due à personne. Il est temps de vouloir. »
Lecture commune organisée avec les participants du challenge Laurent Gaudé : angelebb, Stefiebo, un chocolat dans mon roman, ...
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Editions Babel, 204 pages, 2005