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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 18:12

http://www.livraddict.com/covers/25/25797/couv67694432.jpgDans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d’un empire immense, s’apprête à marier sa fille, Samilia. Mais au jour de son mariage avec le prince de sel, un deuxième prétendant surgit. Il s’agit de Sango Kerim, un orphelin qui a grandi et qui a été élevé avec les enfants de Tsongor. Un lien très fort s’est tissé entre Samilia et le Sango. Si fort même, que Samilia lui a promis sa main d’ici quelques années. Sango Kerim vient donc chercher son dû au monarque qu’il n’a pas vu depuis des années.

Surpris et embêté par cette demande, Tsongor décide de se suicider afin d’éviter la guerre. Mais malgré tout, celle-ci éclate…

 

 

L’an passé, j’ai eu un coup de cœur ultime avec  Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé. Ecriture envoutante, incomparable et riche, j’ai tout de suite aimé me plonger dans l’univers de l’auteur, plus ou moins proche de la réalité. Après cette expérience, on m’a conseillé de lire La mort du roi Tsongor, considéré comme le second chef d’œuvre de l’auteur ! Loin d’être déçue, je me suis replongée avec délice dans cette écriture et une histoire hors du commun. Un premier titre pour notre challenge Laurent Gaudé Organisé par Un chocolat dans mon roman.

D’une grande originalité et d’une grande sagesse, j’ai aimé cette histoire pour toute la moralité qu’elle peut nous apporter. L’auteur nous dénonce ici l’absurdité de la guerre, la violence et la soif de vengeance qui habite les hommes, sa jalousie et ses coups bas.

Sans pour autant être qualifié de roman classique, on retrouve des allures de tragédies classiques tels que l’Odyssée ou Antigone. Personnages confrontés à des choix dont ils ne sortiront pas indemnes ou bien descriptions de batailles, le lecteur est plongé avec aisance dans un univers bien loin du réel.

D’ailleurs, l’univers développé par l’auteur m’a également fascinée. J’ai apprécié cette immersion dans un territoire imaginaire, inconnu et pourtant très bien décrit. Les descriptions sont très présentes, plus ou moins longues, mais ne m’ont pourtant jamais semblées inutiles ou étouffantes. Le lecteur est face à des détails qui font voyager, rêver, le tout sous des couleurs d’une Afrique lointaine.

Les personnages sont eux-aussi également bien matérialisés, bien détaillés. On prend très vite conscience de leurs différences, et finalement, on finit par s’attacher à chacun de leur trait de caractère. Hommes et Femmes ont d’ailleurs leur rôle à jouer dans cette bataille héroïque ! L’un ne disparait pas au détriment de l’autre, bien au contraire. La force des deux sexes est réellement mise en avant, pas toujours dans des rôles traditionnels. Bien que les personnages soient assez nombreux, chacun apporte sa pierre à l’édifice pour en faire un roman frôlant la perfection.

 

 

En bref

Un nouveau coup de cœur pour ce roman de Laurent Gaudé, frisant lui aussi la perfection. En nous emmenant dans son univers, l’auteur nous fait prendre conscience de la bêtise de l’Homme, des choix qui s’imposent face à chacun.

 

 

« Je n'ai rien voulu, pensait-elle, je n'ai fait qu'accepter ce que l'on m'offrait. Mon père me parlait de Kouame et avant même de le voir je l'ai aimé. Aujourd'hui, mes frères se préparent à une bataille. Personne ne me demande rien. Je suis là. Immobile. Je contemple les collines. Je suis une Tsongor. Il est temps de vouloir. Moi aussi, je livrerai bataille. Ils sont deux à me réclamer comme un dû. Je ne suis due à personne. Il est temps de vouloir. »

 

 

Lecture commune organisée avec les participants du challenge Laurent Gaudé : angelebb, Stefiebo, un chocolat dans mon roman, ...

 

 

defi-Laurent-Gaude

1/4

 

 

Editions Babel, 204 pages, 2005

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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 19:19

 

http://www.livraddict.com/covers/0/120/couv1113168.jpg

17ème siècle, Delft en Hollande. La jeune et ravissante Griet, 16 ans, est embauchée comme servante dans la maison du peintre Vermeer afin de subvenir aux besoins de sa famille devenue pauvre après que son père ait perdu la vue. La jeune femme s’occupe alors du ménage, ainsi que des six enfants de la famille Vermeer, en s’efforçant d’amadouer l’épouse, la belle-mère, les enfants et la gouvernante, chacun très jaloux. Griet a également une autre mission dans la maison : celle de nettoyer l’atelier de son maître qu’elle ne voit que très peu. Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l'introduit dans son univers. Il décide alors, dans le dos de sa femme, de donner des tâches supplémentaires à Griet. Mais cette proximité va susciter quelques jalousies…

 

 

Cela faisait plusieurs années que j’avais envie de lire ce livre à la couverture intrigante, mais je dois bien avouer que cette époque ne m’attire pas vraiment (voire même pas du tout).

Je me suis longuement demandé qui était cette jeune femme à l’air rêveur, qui ou que regardait-elle ? La réponse nous est donnée de manière fictive par Tracy Chevalier. Et bien que fictive, j’ai trouvé cette interprétation et cette histoire très réalise, et finalement, très proche de ce que j’imagine être la vie au 17ème siècle. Avec douceur et fluidité, Tracy Chevalier m’a fait pénétrer dans cet univers finalement fascinant du 17ème siècle… L’auteur nous offre de belles descriptions des quartiers de Hollande, ce qui permet d’être complètement immergé dans l’univers proposé. Les mœurs, les coutumes y sont bien décrites et l’auteur ne nous cache pas les conditions de vie parfois déplorables des habitants. Elle n’hésite pas non plus à nous montrer tout le luxe qui afflue à ses côtés. Les thèmes de la religion, du mariage, de la hiérarchie, de l’organisation du travail sont également largement développés et donnent une vision très globale des conditions de vie des Hommes à cette époque.

La manière pudique, retenue, dont l’auteur nous parle des sentiments de Griet envers son maître m’ont réellement surprise, troublée et émue. Il en ressort une beauté des sentiments merveilleuse et pertinente. D’autant plus pertinente que toute cette histoire nous est racontée par Griet, à la première personne du singulier. Avec ce parti-pris, j’ai eu l’impression d’entrer pleinement dans la peau du protagoniste. Quant au personnage de Griet, il m’a plu par sa singularité. C’est une jeune femme qui semble relativement seule, mais qui dispose malgré tout d’une grande force d’esprit et de caractère. Personnage fascinant, j’ai aimé ses traits de caractère, ce personnage un peu secret.

J’ai apprécié également ce roman parce qu’il mobilise tous les sens de son lecteur. Les odeurs de marché, de viande sont redondantes, tout comme les descriptions des tableaux du peintre. Les couleurs sont superbement bien décrites par Griet à son père devenu aveugle. D’ailleurs, au fur et à mesure que je me plongeais dans ce roman, j’allais voir les tableaux, j’allais glaner ci et là des informations concernant le peintre, ce qui m’a permis de prolonger cette lecture agréable, de savoir de quoi voulait parler exactement l’auteur.

Sans longueur, et avec une manière pourtant posée, Tracy Chevalier a réussi le pari d’écrire la vie inventée de Vermeer.

 

 

En bref

Un coup de cœur pour cette lecture magnifique, pleine de sensibilité et de calme…

 

 

Folio, 313 pages, 2000

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28 mars 2013 4 28 /03 /mars /2013 17:48

 

http://www.livraddict.com/covers/55/55532/couv27552796.jpgA la mort de son second père, Egon, Rosa, quarante deux ans, retourne dans la maison familiale au Maroc. Cette maison, elle l’avait quittée il y a vingt ans de cela, dans les années cinquante, pour y effectuer un beau et heureux mariage en métropole. Depuis, elle n’y venait que très rarement, pour des vacances.

Alors qu’elle doit faire le tri à Serjâa, (la demeure de ses parents) avant de la revendre, Rosa se replonge dans les souvenirs qui ont marqué sa vie, sur les relations qu’elle a entretenu avec ceux qui ont vécu ici : sa nourrice et conseillère, son premier père dont elle garde finalement assez peu de souvenirs, son second père avec qui elle aura entretenu une relation fusionnelle, sa mère, sa tante volubile…

Alors bien sûr, chaque pièce, chaque tiroir ouvert fera remonter en elle de profondes émotions.

Mais Serjâa lui révèlera également bien d’autres secrets qui vont très vite la remettre en question…

 

 

 

Rouge argile est ma seconde lecture faite dans le cadre de notre club lecture ayant pour thème les souvenirs d’enfance.

Avant de l’ouvrir, j’avais beaucoup d’attentes par rapport à ce livre : il dormait depuis un sacré moment sur ma PAL sans que j’ai trouvé le moment de le lire… Et puis surtout, l’histoire se passe au Maroc… Pays de mon cœur, pays de mes rêves.

L’ambiance de ce pays, je l’ai retrouvée à chacune des pages… L’auteure nous fait découvrir de manière olfactive, visuelle, sensorielle les paysages, les places de Fez. On retrouve la chaleur, la convivialité des marocains. On est très vite plongé dans cette ambiance, bien différente de la nôtre, on a l’impression merveilleuse de voyager, d’y être, de visionner chaque élément mentionné. Et pourtant, l’auteure a le don de n’utiliser aucun stéréotype, aucune image erronée de la réalité.

Les premières pages de ma lecture se sont tournées tout en douceur. On trouve quelques lenteurs, c’est vrai, mais je n’ai pas trop souffert de cela. J’ai même plutôt ressenti un besoin de temps pour m’imprégner, pour bien imaginer, visualiser ce que Virginie Ollagnier voulait nous transmettre. Par contre, la fin s’accélère. Le lecteur est pris dans un tourbillon de révélations concernant la famille de Rosa. Ces révélations feront prendre à Rosa un tout nouveau départ, une certaine émancipation.

 

 

En bref

Roman nostalgique, puissant ; l’histoire est belle, mais je crois qu’elle sera très vite oubliée. Par contre, mon moment de lecture, lui, restera agréable et plein de sensibilité.

 

 

« Elle ne voulait pas attendre à l’extérieur de la gare, mais dedans, là où les retrouvailles et les séparations s’exprimaient le mieux. Le quai, agité par les attentes mêlées de ceux qui partaient et ceux qui patientaient, bruissait de murmures, de soupirs ou d’éclats de rire. C’était ça qu’elle était venue chercher, cette proximité. Elle pouvait se plonger dans les joies des autres, ou dans leurs tristesses, sans que cela lui appartienne. Le plaisir et la peine s’offraient à tous. Elle aura pu pleurer tout son saoul dans les bras d’inconnus venus à son secours. A Paris, elle avait pleuré seule. »

 

 

Editions Liana Lévi, 214 pages, 2011 

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9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 11:06

 

http://www.livraddict.com/covers/96/96184/couv51139165.jpgEn se réveillant, ce matin-là, Méréna sait que cette journée sera différente des précédentes… Depuis plusieurs semaines, une routine persistante s’est installée et elle ne la supporte plus. Chaque matin, après son réveil, elle prend une douche froide, boit son café en écoutant les informations désastreuses de la journée à la radio, envoie ses deux jeunes garçons à l’école et dépose sa petite dernière chez sa tante Turia avant d’aller à son travail.

Son travail est éprouvant, dangereux mais Méréna a besoin d’argent, rapidement. Elle gagne sa vie en cassant des blocs de pierre à la massue, sous un soleil africain harassant.

Mais aujourd’hui Méréna a appris aux informations locales la construction d’un aéroport qui va faire considérablement augmenter le prix du sac de gravier. Les quinze femmes à travailler au bord du fleuve l’ont-elles aussi entendue et souhaitent céder aux intermédiaires le sac de gravier plus cher qu’il ne l’a été précédemment. Méréna est rapidement élue comme porte-parole puisqu’elle est une des seules à avoir fait des études, à bien parler et à maîtriser la langue. Méréna sera prise au sérieux.

Lorsque les intermédiaires apprennent la nouvelle, des échauffements surviennent. Une bagarre oppose les intermédiaires et les « casseuses de pierres », plongeant l’une d’entre elle dans le coma. Mais l’histoire ne s’arrête pas ici, puisque trois des femmes se retrouvent emprisonnées. De manifestations, en revendications, les femmes vont se montrer ferme et créer une véritable lutte pour vendre leur sac de pierre à un prix qui leur parait plus décent.

La journée de Méréna ne sera pas comme les autres et les suivantes pourraient bien bouleverser leur existence…

 

 

Photo de groupe au bord du fleuve est un livre remarquable, poignant et terrifiant, puisqu’il est avant tout une plaidoirie contre la condition de la femme en Afrique. Toutes les « casseuses de pierres » ont leur histoire, leur vécu. Tour à tour, les femmes vont évoquer ce passé de femmes violées, maltraitées, humiliées, trompées. Lentement, j’ai été captivée par cette véritable lutte que soutiennent ces femmes. Une lutte légitime, poignante, qui, au-delà de l’argent est une lutte pour une meilleure vie de ces femmes. Avec cet argent, Méréna et les autres construisent des projets : reprendre des études, ouvrir un commerce, prendre soin de leur famille, arrêter de vivre au jour le jour, …

En parallèle, l’auteur dénonce également les problèmes récurrents en Afrique : la corruption, la disparition soudaine des ONG, le manque de soins dans les hôpitaux, la violence, l’adultère… Tout autant de thèmes qui m’ont émue, révoltée. On peut ne sortir de cette lecture sans prendre conscience de notre propre condition, sans chercher à comprendre pourquoi l’auteur dénonce cela. Riche en revendications, ce livre n’est pourtant en aucun cas stéréotypé. Et c’est d’ailleurs la grande force de ce roman. L’auteur nous propose simplement de réfléchir à cette Afrique moderne, pour ma part assez méconnue.

Quant à l’écriture, je la qualifierais de riche et surprenante à la fois. L’auteur introduit une certaine mise à distance en utilisant la seconde personne du singulier. Au début, j’ai été surprise et perturbée, cherchant à comprendre la raison de ce choix… Mais après tout, pourquoi pas ? J’ai trouvé que ceci apportait une grande force aux propos. J’ai également eu l’impression que l’auteur cherchait à s’effacer pour laisser pleinement la parole aux femmes. Bref, cette forme surprenante est aussi intéressante. J’ai également apprécié la plume de l’auteur qui nous fait voyager grâce aux descriptions riches qu’il propose. Emmanuel Dongala écrit de manière fluide, pudique, sans trop s’éparpiller.

 

 

 

En bref

Photo de groupe au bord du fleuve est un livre passionnant sur cette Afrique moderne. De revendications en revendications, l’auteur nous propose une réflexion passionnante sur les problèmes que rencontre l’Afrique. Un livre foisonnant à découvrir et à faire partager.

 

 

 

« Dans un état de colère et de douleur mêlées, tu as dit que tu aurais préféré que Batatou ait eu une vie heureuse sur terre plutôt que dans l'après-vie; que les dictateurs corrompus qui maltraitent leur population devraient être jugés ici et maintenant comme de vulgaires criminels par la Cour internationale de justice et non pas attendre le jour du Jugement dernier. Tu as réaffirmé avec force que vous vous battriez jusqu'au bout pour faire aboutir ces revendications qui ont conduit à la mort de votre camarade et enfin tu as juré au nom de toutes de prendre soin des jumeaux. »

 

 

 

Editions Babel, 440 pages, 2012

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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 19:21

 

http://www.livraddict.com/covers/55/55035/couv70347778.gifJack a cinq ans aujourd’hui. Il le fête modestement dans la chambre, avec sa maman, seule personne qu’il a et qu’il connaît « en vrai » sur cette planète. De temps en temps, Grand Méchant Nick, leur ravisseur, vient leur rendre visite, la nuit, pour leur apportez des provisions ou pour abuser sexuellement de sa maman… Mais lui, il n’a pas le droit de le voir : lorsqu’il entend le « bip bip » de la porte, il doit se cacher dans « petit dressing ».

Voici la vie que mènent Jack et sa maman, et ce, avant même la naissance de Jack. La mère essaye depuis cinq ans de montrer à son fils que le monde se résume à ça, à cette chambre de trois mètres sur trois mètres. Elle ne souhaite pas lui montrer un monde inaccessible. Et le petit Jack pense que ce qui se passe dans la télévision n’est qu’irréel. Seulement voilà, la mère n’en peut plus. Elle est épuisée mentalement et physiquement. Ils doivent trouver une solution pour s’échapper de là… Il leur faut un plan.

 

Depuis la sortie de ce livre, je voulais le lire. Alors autant vous dire que j’en attendais énormément… Et franchement, je ne suis pas déçue ! Je crois même que ce livre m’a mis une énorme claque, m’a fait prendre conscience de beaucoup, beaucoup de choses.

Et pourtant, on ne peut pas dire que ce livre m’ait énormément emballée, au début… Tout est calme, plat. Les journées se ressemblent, ou presque. Il ne se passe rien et finalement, je me demandais, mais quand, quand ce livre va commencer ? Et puis le petit Jack m’a parfois vraiment, vraiment agacée avec toutes ses questions, cette manière d’humaniser les objets de son quotidien… Ajoutons à cela que l’histoire nous est racontée par le petit garçon. Très vite, on se plonge entièrement dans l’histoire. Quelques petites fautes de vocabulaires ou de syntaxes apparaissent par-ci ou par-là et donne une réelle profondeur à l’histoire. Lorsque je me suis prise au jeu, j’ai eu envie d’aller jusqu’au pour voir comment cette salle histoire allait se terminer. Et qu’est-ce que j’ai bien fait ! Ce livre est simplement un petit concentré d’émotions à l’état pur. J’ai été émue, en colère, amusée (parfois),…

Au fil des pages, j’ai eu l’impression de vivre en temps réel chaque action, chaque émotion des personnages. Je me suis attachée à eux, à leurs petites habitudes, à cette routine, à ce huis-clos. J’ai tourné les pages en apnée, hypnotisée par cette histoire folle.

J’ai été impressionnée par le courage de cette maman, par son inventivité, par sa création au quotidien, afin de donner à Jack une vraie vie, une vraie éducation. L’auteur nous propose également de vrais échanges, profonds. Ça m’a surprise et impressionnée à la fois, parce que les mots sont souvent directe, mais bien choisis pour expliquer à un enfant le monde qui l’entoure. Et puis, il ressort de cette histoire un amour profond, un questionnement sur la maternité. Et surtout… Une grande leçon d’optimisme. Je pense que chacun peut tirer sa propre morale de cette histoire… Pour ma part, je pense que ce livre m’en aura beaucoup, beaucoup appris.

 

 

En bref

Une claque absolue ! Captivant, inquiétant, brutal, optimiste, émouvant, magnifique. Autant d’adjectifs pourraient qualifier ce roman étonnant. A lire impérativement !

 

 

« Mon corps, je crois qu’il est à moi comme les idées dans ma tête. Mais mes cellules sont faites avec ses cellules alors c’est un peu comme si j’étais à elle. Et aussi quand je lui dis mes pensées et qu’elle me dit les siennes, nos idées de chacun se mélangent dans nos deux têtes comme si on coloriait au crayon bleu par-dessus le jaune pour faire du vert. »

 

 

 

Les avis de Noukette, StéphieClara et Bricabook

 

 

 

Editions Stock (La cosmopolite), 400 pages, 2011

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10 février 2013 7 10 /02 /février /2013 14:14

 

http://www.livraddict.com/covers/65/65754/couv75387224.jpgFerdinand vit seul dans sa grande ferme depuis que sa femme Henriette est décédée et que ses deux fils ont quitté la maison familiale.

En revenant du bourg, il croise un chien errant sur la route qui appartient à sa voisine Marceline. En lui ramenant son animal de compagnie, Ferdinand constate la vie particulièrement difficile et rudimentaire que mène la vieille femme. En effet, le confort est plus que sommaire et l’eau s’infiltre par le toit de sa maison. Alors que la tempête s’annonce, Ferdinand décide de proposer à Marceline de venir vivre dans sa ferme, le temps qu’elle puisse payer les réparations. Bien que gênée, Marceline accepte.

Petit à petit, Ferdinand et Marceline se rendent compte que beaucoup de gens autour d’eux sont dans le besoin, souffrent de la solitude. Ils proposent alors à Guy, puis aux deux petits jeunes, puis aux sœurs Lumière de venir habiter avec eux… Ainsi se crée solidarvioc…

 

 

Se plonger dans la lecture de ce roman, c’est comme se glisser sous une couette chaude, c’est comme entrer dans un endroit dans lequel on se sent bien, en sécurité. C’est un livre doux, qui réchauffe le cœur, qui donne envie de voir la vie différemment, qui nous fait croire et espérer qu’il peut exister encore aujourd’hui un soupçon de solidarité. L’auteure nous délivre une jolie leçon de moral, d’optimisme… On peut dire qu’il s’agit d’une belle découverte d’auteure, mais aussi d’un petit coup de cœur…

Plusieurs fois croisé sur différents blogs, Et puis, Paulette... était un livre qui me tentait énormément… Alors lorsque j’ai vu que Barbara Constantine était présent à la fête du livre de Saint Etienne, j’ai craqué, pour ce livre et puis pour Tom, petit Tom, tout petit Homme, Tom

L’histoire de Ferdinand, de Marceline et les autres m’a terriblement touchée… Avec simplicité, fraîcheur et optimisme l’auteure nous propose une jolie vision sur les relations intergénérationnelles. Et puis, Paulette... m’a fait sourire, m’a ému aux larmes, m’a donner une belle leçon de vie. Je me suis attachée aux personnages, à leur petit caractère et à leurs différences. Chaque personnage apporte un petit plus à l’histoire, une nouvelle aide de quelque sorte qu’elle soit. Tout semble très réel, très proche de la réalité, ce qui accentue énormément la beauté de ce roman. C’est un peu utopique, parfois candide, mais on peut s’empêcher de penser que ce livre est beau, simplement. Et puis, j’ai apprécié l’écriture de l’auteure : simple, fluide, délicate…

 

 

En bref

Et puis, Paulette... est une très belle lecture tant pour l’histoire merveilleuse qui nous est racontée que pour l’écriture tout en douceur de Barbara Constantine. A savourer…

 

 

« Hortense est très excitée, elle veut apprendre à surfer sur le oueb ! Cliquer sur le dos d’une souris ! Se mettre de profil sur fesse bouc ! »

 

 

Calmann-Levy, 306 pages, 2012

 

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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 18:47

 

http://www.livraddict.com/covers/92/92255/couv70171346.jpgLéa a 38 ans. Elle est à la fois danseuse et chorégraphe. Plongée dans cet univers depuis sa tendre enfance, la danse représente pour Léa à la fois une passion et « une nécessité ». Chaque jour, elle danse à corps perdu afin de se retrouver, afin de garder un certain équilibre. Cependant, c’est un semblant d’équilibre car elle perçoit un vide immense, une inquiétude sans fin… Et puis surtout, quelque chose l’empêche profondément de s’investir dans chacune de ses relations amoureuses, et particulièrement avec Bruno, son petit ami du moment. C’est son amour, mais elle n’arrive pas à s’abandonner à lui, elle n’arrive pas à l’aimer réellement. Lui, il est peintre de l’immobile. Il réalise des portraits, des nus. Léa le sait : Bruno souhaiterait profondément qu’elle pose un jour pour lui… Mais quelque chose l’en empêche. Un après-midi, après avoir succombé à quelques verres de vins-chauds, Léa se sent prête à poser pour Bruno. Mais rien ne se passe comme prévu… Prise par l’angoisse, elle s’enfuit et Bruno, impuissant, ne la retient pas… Elle va alors chercher refuge chez sa mère, Romilda, qu’elle a appelée quelques heures plus tôt apprenant la tempête qui allait s’abattre sur son petit village. La mère qui s’est toujours tu, avoue alors à sa fille qu’il faut qu’elle lui parle… Romilda raconte alors comment elle est devenue Suzanne pendant la guerre dans cette maison close d’Italie pour Jean-Baptiste, le français pour qui elle a tout quitté…

 

 

Il y a quelques mois de cela, je tombais sous le charme de la douce écriture de Jeanne Benameur. Cette découverte m’avait émue, bouleversée… Je savais que cette rencontre ne serait pas la dernière (et là vos deux belles sœurs vous glissent au pied du sapin un livre de Jeanne Benameur…). Je crois même que j’ai pensé pendant un court instant que cette auteure était faite pour moi. Ses mots m’avaient transportée…

A nouveau, je suis tombée sous le charme de cette écriture ciselée, criante, envoûtante. Les phrases sont courtes, très courtes, les mots terriblement bien choisis. Il ressort de ces pages une poésie dont seule Jeanne Benameur a le secret. J’ai pris le temps de lire ce roman, pages après pages, sans me précipiter… Cinq petites pages par-ci, dix petites pages par-là… Je ne voulais surtout pas gâcher le plaisir de cette lecture, le plaisir immense de ré-ouvrir ce roman et de plonger dans un univers lointain.

Le livre aborde en parallèle onze tableaux qui nous permettent de connaître la vie actuelle de Léa, de Bruno, et le passé de Romilda. L’histoire de Léa, de Romilda, cette histoire de famille en somme, m’a fascinée, m’a transportée… Au premier abord, j’ai eu l’impression d’assister au désenchantement d’une famille perdue, sans grand amour. Les rapports de Léa et Romilda m’ont semblés si éloignés, si froids… Et puis, plus j’avançais dans ma lecture, plus je comprenais pourquoi cette impression-là était si tenace… Au final, je me suis aperçue que ma première impression était fausse, archi-fausse… Laver les ombres, c’est en fait une grande histoire d’amour entre deux êtres perdus dans la foule. C’est aussi un livre qui aborde le thème délicat de la vérité… Jusqu’où peut-on dire la vérité ? Est-ce qu’une fille peut tout apprendre de sa mère ? Est-ce que la parole permet de se reconstruire ?

 

 

 

En bref

Jeanne Benameur construit avec talent l’histoire de trois personnages dont la parole est devenue outil indispensable pour laver les maux, les douleurs qui les habitent… Un véritable coup de cœur… Et terrible hâte de découvrir un nouveau roman de cette auteure…

 

 

 

« Bruno, c’est son océan.

Si un jour il s’écarte d’elle alors il n’y aura plus rien pour relier son corps au monde et elle sera devenue une île. Inabordable. »

 

 

« Aimer, c’est juste accorder la lumière à la solitude.

Et c’est immense. »

 

 

 

Babel, 157 pages, 2010

 

 

 

Challenge-Jeanne-Benameur.jpg

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1 janvier 2013 2 01 /01 /janvier /2013 19:01

 

http://www.livraddict.com/covers/20/20984/couv6006905.jpgMargaret Prior est vieille fille de la haute société anglaise, portant le deuil de son père. Au sein de sa demeure, il ne reste plus qu’elle, sa mère et leurs domestiques. Ainsi, afin de pallier à son ennui, elle rend régulièrement visite aux détenues de la prison de Millbank afin de leur apporter du réconfort, afin qu’elles puissent s’exprimer librement et afin qu’elle-même puisse se détacher petit à petit des jupons de sa mère. En effet, celle-ci ne lui laisse que très peu de liberté, et l’oblige à assumer sa vie de femme célibataire.

La prison détient des voleuses, des criminelles, des mères maquerelles, des femmes qui ont tué leur bébé… Alors bien sûr, ces visites font désordre chez les Prior qui ne comprennent pas les visites de Margaret et notamment l’intérêt qu’elle porte aux femmes incarcérées. Tous pensent que ces visites ne font qu’accentuer le profond mal être de la protagoniste. Très vite, cependant, Margaret se lie d’amitié avec la très renommée spirite Selina Dawes. Au fil des visites, Margaret et Selina deviennent de plus en plus proche et cette dernière est alors plus à même à parler de son histoire. Margaret découvre alors le spiritisme, se passionne même pour cette « science ». Elle entre petit à petit dans le monde de Selina et prend part à des séances de spiritisme, assiste à des apparitions d’objets et redécouvre le sentiment amoureux…

 

 

Cette lecture est très particulière puisque ce n’est pas le genre de livre que j’ai vraiment l’habitude et l’envie de découvrir… Cependant, avec notre petit « club lecture », le thème de l’Angleterre victorienne est tombé et il a bien fallu faire face. J’ai dû proposer un livre mais aussi en lire un, ce qui n’est pas vraiment simple lorsqu’on ne connait rien sur ce thème-là. Le bilan est mitigé…

 

Le roman fait alterner le récit de Selina Dawes retranscrit dans un journal intime, et celui de Margaret Prior, également retranscrit dans un cahier intime. Le style est très intéressant car on découvre les pensées les plus profondes des personnages. On en apprend également un peu plus sur la vie qu’elles mènent, sur la vie à l’époque victorienne (même si on en a qu’un vague aperçu). Le lecteur est enfermé dans trois espaces clos : la maison de Margaret (et plus particulièrement sa chambre), la prison de Millbank et l’ancien lieu d’habitation de Selina. Le tout forme quelque chose de très prenant, crée une ambiance très intrigante, voire même effrayante… Cependant, même si j’ai trouvé le style intéressant, j’ai mis un temps un temps inouï à entrer dans le livre à trouver une quelconque envie de le lire. J’ai trouvé le début de cette histoire très, très longue et je pense qu’un certain nombre de passages auraient pu être sautés, supprimés… Finalement, il arrive que le personnage de Margaret narre des choses qui n’ont aucun intérêt pour le roman, comme par exemple ses journées, ses errances. Du coup, la progression est longue, lente… Par contre, je dois reconnaître que la fin s’accélère, devient de plus en plus prenante. Au final, les deux cent dernières pages ont été plus que dévorées, lues en apnées. C’est bien dommage ! Il m’aura fallu près de 300 pages afin d’entrer pleinement dans ce roman.

J’ai particulièrement aimé le personnage de Margaret qui est réellement attachant. Mal dans sa peau, visiblement malade et au passé flou, on a très vite envie d’en savoir plus de comprendre réellement ce qui se passe dans sa tête. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’initiative de retranscrire le journal intime de Margaret est très intéressante. J’ai eu l’impression de découvrir une personne bien réel, avec ses problèmes, ses inquiétudes, ses sentiments… J’ai également aimé connaître le point de vue de la protagoniste concernant le monde qui l’entoure, concernant le milieu mondain. Les autres personnages qui entrent en scène dans ce roman son également bien brossés, bien détaillés.

J’ai trouvé l’écriture de l’auteur très impressionnante. Avec une plume assez soutenue et très bien menée, Sarah Waters offre à son lectorat des descriptions de taille sans trop s’attarder pour autant. Ainsi, j’ai eu l’impression de me promener moi-même dans cette prison, de la connaître dans le moindre de ses détails. J’ai apprécié également les descriptions concernant les costumes, les coutumes de l’époque... Sans grande hésitation, je dirais que l’écriture de l’auteur reste le point fort d’Affinités.

 

 

 

En bref

Avec une écriture foisonnante et bien menée, l’auteure nous entraîne dans le monde carcéral du XIXe siècle. Elle brosse ainsi le portrait de femmes dont l’histoire est tout à fait prenante, intrigante. Cependant, Affinités regorge de longueurs et ainsi, je n’ai vraiment apprécié que la fin que j’ai trouvé magistrale.

 

 

 

« Je n’ai jamais eu peur comme en ce moment. On m’a laissée dans le noir, avec rien que la lumière de la rue pour écrire. »

 

 

 

10/18, 522 pages, 2006

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3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 21:34

 

http://www.laprocure.com/cache/couvertures/9782330002572.jpgMarie un vingt-cinq ans… Un soir de fête, elle rencontre son grand amour, Pablo.  Entre eux, c’est le coup de foudre. Ils passent la nuit ensemble, et le lendemain, Marie se réveille avec douze années supplémentaires. Elle a trente-sept ans, elle ne souvient plus de rien, elle ne se souvient plus de ces douze années aux côtés de Pablo, elle ne sait pas qui sont ces enfants qui viennent lui sauter dans les bras le matin. C’est le trou noir,  c’est un cauchemar… Face à cette situation, Marie décide de ne rien dire à personne ; elle est angoissée à l’idée de se retrouver en hôpital psychiatrique, d’être traitée comme quelqu’un de dérangée psychologiquement. Elle-même sait qu’elle n’est pas folle. Il y a forcément une explication quelconque. Elle décide alors d’enquêter sur elle-même afin de découvrir pourquoi elle a perdu la mémoire, afin de découvrir qui elle est, qui ils sont… Aidée par ses amis, par des connaissances, par des proches, par ses propres écrits, Marie va comprendre l’engrenage qui l’a conduit à sa perte de mémoire. Mais comment garder la face devant une telle situation ?

 

J’ai passé un agréable moment avec ce livre, cependant, La vie d’une autre est loin d’être un coup de cœur. Disons que je m’attendais à autre chose : entre les avis d’autres bloggeurs plutôt enthousiastes et le film qui en a été adapté, j’avais une réelle envie de découvrir ce livre et j’en attendais beaucoup, beaucoup. C’est peut-être pour cette raison que j’ai été déçue, d’ailleurs.

J’ai trouvé ce roman particulièrement intéressant, et innovent. Je n’ai pas eu d’impression de déjà vu, comme c’est parfois le cas avec d’autres romans. Ici, tout était nouveauté : la question de l’amnésie n’est pas un sujet que j’ai lu ailleurs, ni ces multiples réflexions que nous offre l’auteure. Je ne m’attendais pas non plus à une telle chute. Disons que je m’attendais à quelque chose de plus commun, d’un peu moins romantique. J’ai également été bluffée par la manière dont l’auteure nous fait entrer dans la vie, dans les pensées de Marie. Très vite, je suis entrée dans la peau du personnage principal. Je me suis mise à sa place, et je me suis posée des questions semblables, j’ai éprouvé des inquiétudes similaires. Cependant, il y a certaines longueurs non négligeables dans ce roman qui sont telles que j’ai  fini par lire certains passages en diagonale. Oui, les questions que se posent Marie sont légitimes, intéressantes, et même nécessaires, mais toutes n’ont pas une grande importance pour l’histoire. Du coup, certains passages m’ont particulièrement ennuyée, voire même lassée…

Je trouve aussi que la réaction de Marie était parfois assez paradoxale. Comment a-t-elle pu rester aussi calme dans une telle situation ? Pourquoi Pablo ne s’est aperçu de rien alors que Marie lui posait des questions qui dépassaient toute logique, toute normalité ? Comment les simples rires de Marie face à des situations délicates pouvaient faire oublier à ses interlocuteurs de véritables problèmes ? J’avoue avoir été très déstabilisée par cela, par ces incohérences assez lourdes, assez étranges.

Derrière tout cela, j’ai aimé cette magnifique histoire d’amour racontée par l’auteure. Marie et Pablo ressemblent à l’un de ces couples à qui rien ne peut arriver. Leur amour est une chose incomparable, d’une force inouïe et j’avoue avoir parfois envié leur relation, leur plénitude. Je trouve que la réflexion que nous offre l’auteure est très intéressante et est, finalement, assez importante. La vie d’une autre nous propose de réfléchir sur l’amour, son évolution, les doutes que l’on peut rencontrer, les choix que l’on peut prendre.  L’auteur abord également des thèmes comme la maternité, les relations mère-enfant, le mariage, …  ce qui amène de belles réflexions.

 

 

En bref

Malgré un manque de cohérence (parfois) et de grosses longueurs dans la narration, ce livre nous offre de belles réflexions et notamment une magnifique description et réflexion sur l’amour, le sentiment amoureux et leur évolution. Le thème de l’amnésie est traité avec innovation, avec brio. A découvrir !

 

 

« Quel est le moment où se rompt le dialogue, où la vie à deux devient une lente agonie ? Je pense à Romain Gary dans Clair de femme : « Des problèmes de couple ? Quels problèmes de couple ? Il y a des problèmes ou il y a un couple. » Les romans sont pleins de ces amoureux fusionnels qui se loupent et ne s’aiment qu’en se détruisant et nous les lisons avec une avidité de noyés… Est-ce parce qu’ils nous ressemblent tant ? »

 

 


Babel, 341 pages, 2012

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21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 15:03

 

http://www.livraddict.com/covers/13/13655/couv24129396.jpgLe commandant Salvatore Pirraci navigue depuis une vingtaine d’année aux larges des côtes de l’Italie, afin d’y intercepter les bateaux contenant des voyageurs clandestins se dirigeant vers l’île de Lampedusa. Cependant, ce travail le pèse de plus en plus. Il ne supporte plus cette vie, de briser des rêves de plusieurs millions de personnes.

Un beau jour, en ville, il sent une présence, quelque chose qui le fixe sans relâche. Il découvre alors que cette présence est celle d’une femme. Elle l’a suivi jusqu’à chez lui parce qu’il faut qu’elle lui parle, il faut qu’elle lui demande quelque chose. Cette femme, il l’a sauvé du naufrage du bateau le Vittoria quelques années plus tôt. Durant cette traversée chaotique, elle a perdu son bébé. Ce dernier est mort de soif et pour éviter un risque de contamination, elle a dû le jeter par-dessus bord. Si elle a gardé une raison de vivre, c’est parce qu’elle souhaite aujourd’hui plus que jamais se venger des passeurs qui l’ont trahie et qu’elle a finalement réussi à identifier. Elle souhaite retourner en Moyen-Orient et mettre fin à leurs jours. Si elle a besoin du commandant, c’est parce qu’elle est à la recherche d’une arme pour effectuer son ultime vengeance. Face à cette force, le commandant ne peut qu’accepter. Mais cette détermination l’angoisse. Cette rencontre provoque un déclic : il faut qu’il change de vie.

En même temps, Soleiman et Jamal, deux frères soudanais, sont en train de faire leurs adieux à ceux qu’ils connaissent. Ils quittent enfin leur pays, espérant trouver leur bonheur ailleurs, en Europe. Mais la tâche s’avère être beaucoup plus complexe que ce qu’ils avaient prévu.

 

J’avais aimé, adoré le Soleil des Scorta du même auteur.  J’avais été bluffée par cette écriture qui sait transporter, cette écriture foisonnante, et pleine de détails. J’ai eu envie d’aller plus loin avec cet auteur, alors j’ai acheté plusieurs livres de lui espérant être encore émerveillée… Et le pari est plutôt réussi… Je pense que je peux désormais affirmer que Laurent Gaudé est « une valeur sûre ». Même si j’avoue avoir préféré de loin Le soleil des Scorta, j’ai beaucoup aimé Eldorado.

Eldorado évoque, comme vous avez pu le voir, un thème très courant, très tendance dans les médias en ce moment : celui de l’immigration. Très tendance car le nombre de voyages clandestins provenant de l’Afrique vers l’Europe ne diminuent pas, et ce, malgré les risques pris par ces immigrants. Le risque de mourir durant le transport est bien présent, le risque de perdre son identité et sa culture en parvenant à ses fins est réel. Et malgré le fait que ce livre soit très court, on en apprend beaucoup sur les raisons de ces voyages clandestins, sur la manière dont tout cela se passe en amont et en aval. Et finalement, c’est un livre qui m’a fait réellement réfléchir sur mon propre sort, qui amène de grandes réflexions.

C’est un livre qui m’a complètement sonnée. J’ai été parfois surprise et décontenancée de découvrir de telles atrocités, de lires ces phrases qui vous prennent aux tripes. Et pourtant, même s’il s’agit bel et bien d’un roman, je suis sûre que la réalité n’est pas si loin que cela et que Laurent Gaudé n’en fait pas des tonnes sur le sort qui leur est réservé. Vous l’aurez compris, le thème m’a profondément touchée et une chose est sûre, on ne ressort pas indemne de ce roman.

Je me suis attachée aux personnages, j’ai été émue par leurs aventures. Mais le personnage qui m’a le plus marqué restera cette femme que le commandant Pirraci accepte d’aider. Son sort m’a coupé le souffle, m’a brisée, d’une certaine manière, dès les premières pages de lecture. Il faut dire que son récit est réellement poignant. De plus, l’auteur raconte cet épisode de sa vie d’une manière très détaillée, très réelle, le tout avec une écriture réellement extraordinaire… J’ai été époustouflée par son sort, par cette force de et cette envie de vivre…

J’ai retrouvé cette écriture riche, pleine de détails, rempli de couleurs diverses et variées. L’auteur nous narre une histoire de manière fluide, avec humanité et poésie. Plusieurs fois j’ai réussi à voir cette Italie que l’auteur décrit si bien. J’ai eu cette douce impression de voyager, même si le voyage n’est pas toujours agréable et paisible.

Cependant, je trouve quelques défauts à ce roman : par sa petite taille, des détails manquent, des détails, qui, pourtant, aurait pu rendre la lecture d’autant plus appréciable. J’ai déploré le fait qu’on n’en sache pas plus sur les raisons pour lesquelles Soleiman et Jamal décident de quitter leur pays. On comprend qu’il s’agit d’un besoin, d’un besoin urgent même. Mais pourquoi ? L’auteur prend peut-être le parti pris de laisser soin aux lecteurs d’imaginer les raisons de cette immigration, mais je pense que j’aurais peut-être préféré un cadrage net, précis…

 

 

En bref

Eldorado est un roman magnifique, rempli d’une force incroyable et qui, pourtant, ne laisse pas vraiment de place à l’espoir. Il s’agit d’un roman coup de poing dont on ne ressort pas indemne. A mettre entre toutes les mains !

 

 

« Je me suis trompé. Aucune frontière n'est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans sentir la moindre difficulté, mais il faut s'arracher la peau pour quitter son pays. Et qu'il n'y ait ni fils barbelés ni poste frontière n'y change rien. J'ai laissé mon frère derrière moi, comme une chaussure que l'on perd dans la course. Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes. »

 

 

 

J'ai lu, 220 pages, 2009

 

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